Quand peut-on considérer que l'on est un écrivain ?
Définir le statut d'écrivain : entre passion, pratique et reconnaissance
La question de savoir à quel moment l'on peut véritablement se considérer comme un écrivain traverse l'esprit de nombreux auteurs, qu'ils soient débutants ou plus aguerris. Si le terme "écrivain" évoque spontanément l'idée d'une reconnaissance institutionnelle ou publique, la réalité du monde de l'édition en France, ainsi que les processus d'envoi de manuscrit et d'acquisition d'un contrat d'édition, incitent à nuancer cette définition.
Écrire : le point de départ essentiel
Le premier critère fondamental pour se considérer comme écrivain reste incontestablement la pratique régulière de l'écriture. Rédiger des textes, qu'il s'agisse de romans, de nouvelles, d'essais ou de poésie, constitue la base de toute démarche d'auteur. Avant même d'envisager la publication ou la soumission d'un manuscrit à une maison d'édition, c'est l'implication personnelle dans un projet d'écriture abouti qui fonde l'identité d'écrivain.
De l'écriture privée à la volonté de publication
On franchit un seuil important en décidant de présenter son manuscrit à des maisons d'édition. Cette démarche marque l'entrée dans une dynamique de publication, avec l'objectif d'élargir le cercle de ses lecteurs. L'auteur se confronte alors au fonctionnement du secteur : préparation d'un manuscrit conforme aux attentes, respect de la ligne éditoriale spécifique à chaque maison, rédaction d'une lettre d'accompagnement ciblée ou encore compréhension des exigences d'un comité de lecture. Ce passage à l'acte public, symbolisé par l'envoi d'un manuscrit, est souvent vécu comme une étape décisive vers le statut d'écrivain.
La reconnaissance éditoriale : un jalon, non une finalité absolue
Obtenir une réponse positive d'une maison d'édition, c'est-à-dire la proposition d'un contrat d'édition à compte d'éditeur, constitue une forme de reconnaissance professionnelle. L'auteur s'insère dans un processus d'accompagnement éditorial, voit son œuvre relue, retravaillée, promue et diffusée. Toutefois, l'expérience montre qu'on ne devient pas subitement écrivain à la signature d'un contrat : cette reconnaissance vient souvent valider une identité déjà construite au fil de l'écriture.
Les alternatives à l'édition traditionnelle
Il est essentiel de mentionner que l'évolution du marché du livre en France offre aujourd'hui de multiples chemins pour l'auteur. L'édition à compte d'auteur, l'auto-édition ou la publication hybride permettent de diffuser son ouvrage sans passer par les sélections strictes d'un comité de lecture. Si ces alternatives n'apportent pas toujours la même reconnaissance ou le même accompagnement éditorial qu'une maison d'édition traditionnelle, elles n'en invalident pas pour autant la légitimité de la démarche d'écriture. Nombre d'auteurs confirmés alternent ces options au gré de leurs projets et de leurs ambitions.
Critères subjectifs et objectifs de légitimité
Pour beaucoup, le terme d'écrivain ne peut s'accorder qu'avec la reconnaissance d'un public ou d'une communauté professionnelle. Pourtant, une publication, même confidentielle, ou la répétition d'actes d'écriture sérieux et engagés, fondent déjà une forme de légitimité. L'appartenance à la sphère littéraire ne dépend pas uniquement du nombre d'exemplaires vendus : l'inscription de l'auteur dans des réseaux (rencontres, prix littéraires, ateliers), l'échange avec des éditeurs ou d'autres écrivains, sont autant d'éléments qui confortent cette identité.
Le rôle des maisons d'édition dans cette reconnaissance
En France, les maisons d'édition jouent traditionnellement un rôle central dans la distinction d'un écrivain. Leur comité de lecture analyse chaque manuscrit, selon des critères qui s'articulent autour de la qualité littéraire, de l'originalité, de la cohérence avec la ligne éditoriale et du potentiel commercial de l'ouvrage. Être publié à compte d'éditeur signifie que l'œuvre est reconnue pour ses mérites et qu'un accompagnement professionnel est assuré, de la correction du texte à la promotion, jusqu'à la diffusion en librairie.
Cependant, cette démarche n'est ni linéaire ni exclusive. Le chemin vers la publication - et la reconnaissance comme écrivain - peut passer par plusieurs essais, des refus, des réécritures, voire par des expériences en auto-édition avant d'obtenir la confiance d'une maison d'édition. Il n'est pas rare que le statut d'écrivain se construise progressivement, au fil de la persévérance et des rencontres éditoriales.
Conseils pour l'auteur en quête de légitimité
Si vous recherchez à optimiser vos chances de publication, il convient de travailler avec rigueur sur le fond et la forme de votre manuscrit, de cibler précisément les maisons d'édition dont la ligne éditoriale correspond à votre projet et de valoriser votre démarche d'auteur dans chaque échange. Il importe aussi d'envisager la légitimité d'écrivain comme un processus, non comme une réalité figée : l'expérience, le dialogue avec les professionnels du livre et l'engagement personnel dans l'écriture sont tout autant constitutifs de ce statut.
En définitive, l'on devient écrivain dès lors que l'on s'empare de l'acte d'écrire dans une dynamique sincère, structurée et orientée vers le partage. La reconnaissance éditoriale, tout en étant un repère important, n'est qu'un aspect parmi d'autres dans la construction d'un véritable parcours d'auteur.
Édition Livre France